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Burn out et culpabilité

7 Juil 2022 | Blog

Vous êtes en burn-out.

Vous ressentez de la culpabilité à avoir laissé à vos collègues, à vos collaborateurs, à vos chefs parfois aussi, la charge de travail qui vous incombait.

L’arrêt de travail que vous a proposé le médecin, la première fois, alors que vous vous effondriez en larmes à l’occasion d’une visite de contrôle, d’un renouvellement d’ordonnance, d’une angine ou d’un lumbago, vous l’avez la plupart du temps refusé.

Le grand brûlé que vous êtes est, d’abord, dans le déni.

Vous refusez d’abandonner le combat, de donner raison au système qui vous maltraite.

D’ailleurs, vous allez très bien !

Même si vous ressentez combien vous êtes épuisé, combien vos heures de sommeil sont comptées, combien le nombre de vos « bobos » se sont accrus depuis plusieurs semaines, vous allez bien.

Même si vous passez de longues minutes à pleurer, dans le secret de votre cœur ou caché dans la voiture ou la salle de bain, vous allez bien.

Même si vos réflexes mentaux ont diminué, même si votre mémoire semble avoir été aspirée dans un trou noir, même si vos capacités d’apprentissage sont quasi-inexistantes, même si vous relisez cinq fois de suite ces mails de 10 lignes sans rien y comprendre, vous allez bien.

Même si votre corps, vos réflexes cognitifs, vos ressentis et vos émotions, exposés au feu brûlant de la dévastation, tentent par tous les moyens de vous faire comprendre que « Non, ça ne va pas ; Non, ce n’est pas normal », vous continuez à expliquer que vous devez tenir.

Chacun, selon son système préférentiel, sa façon de fonctionner habituelle, apprise et assumée par des années de pratique en mode pilotage automatique se trouve alors confronté à l’un ou/et l’autre de ces dérèglements :

Dérèglement du corps : maladie, pathologies
Dérèglement de la tête : troubles cognitifs
Dérèglement du cœur : émotions exacerbées ou au contraire anesthésiées

Pour certains d’entre vous, le fait d’avoir les cervicales nouées et douloureuses, des désordres intestinaux ou stomacaux, des éruptions cutanées inédites ne sont tout simplement pas prises en compte.

« C’est rien, c’est normal d’avoir des soucis de santé ; comme toute le monde ! »

Tout au plus concédez vous que : « Oui, c’est plus que d’habitude, mais je suis un «peu» stressé en ce moment au boulot. »

Il ne faut pas se plaindre. Le corps n’est pas bien important. Il faudra bien qu’il tienne de toutes façons. Vous n’avez pas le choix.

Certains d’entre vous ne peuvent pas avouer qu’ils sont complètement déboussolés face à l’incohérence de leurs émotions. Vous vous mettez à pleurer, apparemment sans raison, devant un film ou un bouquin. Vous rigolez en décalé alors que ce n’est pas vraiment drôle et vous n’arrivez plus à vous arrêtez.

« Mais si, c’est ubuesque, tu ne trouves pas ?! » , tentez-vous de justifier.

Vous vous emportez de plus en plus contre vos proches, vous n’avez plus de patience avec vos collègues, vous sursautez au moindre bruit.

Vos émotions sont exacerbées.

Vous restez seul, vous ne déjeunez plus avec vos collègues, vous dînez en décalé avec votre famille «parce qu’il faut avancer sur ce dossier». Vous avancez comme un zombie dans les transports. Vous vous sentez comme un robot aride et dépersonnalisé.

Vous ne retenez plus rien. Vous cherchez à comprendre ce que cette demande urgente peut bien vouloir signifier, mais elle ne fait plus sens. « Par quoi je commence d’habitude pour faire ça ? » Vous ne savez plus, c’est comme si votre cerveau était éteint. Les mots dansent devant vos yeux sur l’ordinateur, ils n’ont aucun sens mis ensemble. Les événements n’ont plus de logique. Vous ne comprenez plus ce qui, hier, vous paraissait facile et évident.

Et puis, un beau jour, une prise de conscience va se faire. Une situation particulière va se présenter et vous allez enfin accepter que oui, vous devez vous arrêter. Oui, vous faites un burn-out. Oui vous êtes exposé à un stress professionnel chronique avéré.

C’est par exemple parce que vous êtes tombé dans les escaliers. «Bon, ça arrive, dites- vous au médecin.» avant de vous effondrer en larmes devant lui.

«Mais c’est parce que je suis tellement fatigué», hoquetez-vous sans pouvoir vous arrêter.

« Ah bon ? Vous êtes certain que je vous ai répété trois fois que je préférerais me faire percuter par une voiture pour ne plus a avoir à allumer mon ordi le matin ? Vous êtes sur ? Je n’ai jamais dit ça ! Je ne me m’en souviens pas. C’est impossible. Je ne suis pas fou. Hein, docteur, je ne suis pas en train de devenir fou ?

L’hospitalisation est parfois nécessaire.

La culpabilité d’être là, à ne rien faire, rejaillit. Vous ne comprenez pas que reconstituer votre énergie commence par s’asseoir ou s’allonger sur son canapé ou dans son lit. Ne rien faire, pour un burnouté, c’est justement entamer quelque chose pour se reconstruire.

La prescription par des médecins et praticiens bienveillants et qui maîtrisent le sujet du burn-out est souvent : « Faites ce que vous aimez »

OK …. Mais au fait, qu’est ce que vous aimez ?

« Sortez, bougez, faites des activités. »

En admettant que l’envie, le goût revienne – et c’est parfois très long – il n’est pas rare que vous vous sentiez alors bloqué par la peur de rencontrer un collègue.

La culpabilité de les avoir abandonnés vous ronge. Alors sortir? Dehors ?! L’idée de les croiser, de les voir peut-être, fait rejaillir cette tristesse de les avoir laissé seuls dans la tourmente, réenclenche cette colère d’avoir manqué à votre tâche de les accompagner.

Car dans cet état particulier où vous êtes, çàd cramé, vous oubliez que tous ne sont pas en guerre contre l’entreprise, que tous ne se sentent pas exploités et que beaucoup ont encore ce grand plaisir – que vous aussi avez connu – de servir un objectif à la fois individuel et collectif de réalisation de soi dans le travail.

Vous oubliez que la plupart ne vous en veulent pas d’être parti.e, que certains avaient compris depuis longtemps que si vous ne leviez pas le pied, vous alliez craquer.

La probabilité de croiser d’anciens collègues est relativement faible, et personne n’est à l’affût de vos sorties. Et beaucoup respectent votre absence de volonté d’interactions.

Parfois, vous croyez reconnaître untel dans la rue, la peur vous envahit, et vous restez terré.e chez vous pendant des jours avant d’oser ressortir. Et quand bien même, c’était lui ! Vous n’êtes pas en prison, vous avez le droit de sortir de chez vous.

« Oui, mais je suis en arrêt. »

Oui, de travail. Et alors ? Votre vie sociale, personnelle, s’arrête quand vous ne travaillez pas ?

Et bien voilà, on y est.

Le travail, c’est toute votre vie.

Vous avez une famille, des amis, des loisirs, mais votre valeur Travail est si forte qu’elle a grignoté petit à petit votre univers sécure. Ce que vous avez vécu dans le milieu professionnel a mis à mal votre santé psychique, corporelle et émotionnelle. La rencontre de votre personnalité et d’un contexte particulier a entraîné cette souffrance.

N’oubliez pas que ce qui a fait de vous un candidat au burn-out est surtout le fait que vous êtes une personne de confiance, consciencieuse, investie, travailleuse, empathique, heureuse d’aider les autre, d’arranger les choses, dévouée, active, éprise de justice, volontaire, impliquée, enthousiaste.

Cette aventure vous a changé. Vous ne serez jamais plus comme avant.

Vous n’accorderez plus jamais la même valeur au travail.

Vous allez voir la vie sous un nouvel angle, d’une manière plus douce, plus positive.

Vous allez vous recentrer sur ce qui compte le plus pour vous.

Vous allez trouver en vous de nouvelles ou d’anciennes ressources à activer.

Votre corps va garder la mémoire de ce que vous avez vécu. C’est lui qui veillera sur vous désormais pour vous rappeler de ralentir, de prendre soin de vous.

N’hésitez pas à vous faire aider sur ce parcours, pendant, et après. Accordez vous le temps d’aller mieux, le plaisir de vous sentir à nouveau vivant, joyeux, et serein.

Je suis passée par là. Et comme beaucoup, je peux dire : « C’est un drôle de cadeau que la vie m’a envoyé. Un cadeau mal emballé. Mais c’est un magnifique cadeau qui m’a appris beaucoup sur moi. »

Le chemin se poursuit. The show must go on !

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